[Industrie] Oddworld Inhabitants abandonne…
C’est la merde.
Coup de théâtre dans l’industrie, le célèbre et talentueux studio Oddworld Inhabitants vient d’annoncer stopper ses activités dans le domaine du jeu vidéo. S’il n’a jamais été actif sur les consoles Nintendo, ce studio doit forcément vous dire quelque chose : créateur de la saga inachevé Oddworld et de ses 4 jeux que sont L’Odyssée d’Abe, L’Exode d’Abe sur PlayStation et PC, L’Odyssée de Munch et le tout récent La Fureur de l’Etranger sur X-Box. Ce studio qui naquit au temps des consoles 32 bits avait impressionné tout le monde avec son premier jeu, Oddworld : L’Odyssée d’Abe. Un titre qui se jouait en 2D, avec un principe novateur de communication avec d’autres personnages, le tout ponctué d’un humour omniprésent et de graphismes soignés. Par un phénomène de hype réussi et un énorme bouche à oreille, le premier jeu s’écoula à plus de 640 000 exemplaires aux Etats-Unis, assez gigantesque pour un jeu qui était mal parti pour attirer le grand public, et qui y est en fin de compte parvenu. Mais finalement la suite fut bien moins rose, alors que Microsoft récupéra l’affaire afin d’en faire un arme de choix pour se lancer dans les jeux vidéo, Electronic Arts, toujours là pour récupérer les petits studios qui traînent, fut l’éditeur du dernier jeu en date du studio, tandis que Microsoft avait lâché l’affaire, malgré la réussite de Munch (plus de 400 000 exemplaires aux USA).
Selon Lorne Lanning, président du studio, qui a officiellement annoncé la nouvelle, Oddworld Inhabitants s’est en quelque sorte fait avoir par Electronic Arts. Le géant américain a ainsi privilégié ses jeux multi supports et n’a donc réalisé qu’une campagne marketing minime pour
La Fureur de l’Etranger, exclusivité X-Box. Le résultat est sans appel, le public est peu fidèle et trop conservateur, et malgré une excellente revue de presse (dont un 9/10 par le très sévère Edge) le FPS doté d’un nouveau héros s’est vendu à moins de 50 000 exemplaires aux Etats-Unis, un véritable bide. Finalement, Lorne Lanning décide de tout plaquer, et, au delà de l’injustice d’Electronic Arts, dénonce l’état actuel de l’industrie et de la politique mené par les éditeurs en général, responsable de la chute de son studio. C’est tout d’abord le problème très soulevé actuellement, annonçant des coûts de développement de plus en plus importants, qui donnent aux éditeurs un contrôle total sur les petits studio. Ces derniers sont obligés de se soumettre aux exigences des éditeurs, seule source de financement et il en ressort généralement bon nombre de problème. Comme le cas ici présent, où l’éditeur néglige le titre original face aux valeurs sûres comme
NBA Street, ou encore le cas de l’éditeur obligeant le studio à réaliser une suite en cas de succès plutôt qu’une nouvelle œuvre, voir même le cas inverse si l’on se souvient du phénomène
Beyond Good & Evil, où le projet d’une trilogie fut compromis par les mauvaises ventes du jeu.
Le cas d’Oddworld Inhabitants n’est finalement qu’un exemple alarmant de la situation actuelle de l’industrie. C’est un studio de grande renommée qui désormais arrête ses activités dans le jeu vidéo, et pense maintenant se consacrer au cinéma pour pouvoir espérer survivre. Mais c’est malheureusement loin d’être un cas isolé, les prédictions d’Electronic Arts annonçant un avenir où il ne subsisterait qu’une poignée d’éditeurs imposant leurs lois est en train de se réaliser. Des sociétés comme Acclaim ont fermé leurs portes, d’autres comme Eidos sont sur la paille, récemment encore, le géant de l’époque Nes, Hudson, s’est fait racheté par Konami. Capcom et Namco enchaînent les difficultés financières et certaines, comme Squaresoft, sont contraintes de fusionner pour assurer leur indépendance, et ne parlons même pas d’autres cas comme SNK ou Sega. A tout ceci s’ajoute le nombre impressionnant de petits développeurs qui se font racheter un peu partout, tel Criterion (
Burnout) par Electronic Arts l’année dernière. Finalement, les dires de Lorne Lanning rappellent et donnent un sens aux discours marketing de Nintendo, qui dénoncent les même problèmes et annoncent une solution en la Revolution, optimisé pour un développement aisé et encourageant l’originalité. On espère de tout cœur que ce n’est pas que des paroles, car si Electronic Arts à enregistré des bénéfices records l’année dernière et si le secteur du jeu vidéo ne cesse de s’accroître et de vendre, la créativité ludique, elle, est en pleine et sérieuse crise.
Source : The Hollywood Reporter