L’été dernier, j’avais voulu écrire un truc sur Crash Bandicoot, mais c’était tellement creux et vide que j’ai pas réussi.
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[Conférence] Jim Merrick parle !
[Conférence] Jim Merrick parle !
Avec la sortie de la Nintendo DS approchant à grand pas, Nintendo tenait une conférence à Paris. Le magazine américain Edge en a profité pour faire une entrevue du directeur marketing de Nintendo pour l’Europe, Monsieur Jim Merrick.
Jim Merrick a travaillé aux côtés du président actuel de Nintendo, Satoru Iwata et ce, depuis les débuts de la conception de la Nintendo 64. Quand Iwata est devenu président, il a fait appel à Merrick pour le poste de directeur du marketing. Avec le lancement européen de la DS, un peu plus de 3 mois après les États-Unis, quel est le fond de la pensée de Nintendo sur le jeu vidéo et les portables ? C’est ce qu’on va découvrir …
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Edge : Vous avez choisi d’ouvrir la conférence en lancant les chiffres de ventes de la PSP et en expliquant comment ils se comparent à la DS. Qu’est-ce qui vous pousse à commencer en parlant de la compétition ?
Merrick : C’était inévitable. Ici en Europe, aucune des deux consoles n’est encore sortie, mais elles ont suscité beaucoup d’échos en provenance du Japon ou de l’Amérique. En ce sens, c’est clair qu’elles sont concurrentes. C’est évident. J’ai décidé de régler cette question tout de suite.
Edge : Ces chiffres que vous avez cité étaient très flatteurs pour la DS. Pensiez-vous être en aussi bonne position?
Merrick : Plus que toutes les autres consoles de la compétition, la PSP était pour nous un mystère. Cette fois-ci, la stratégie de Sony est différente. Personne ne semble vraiment savoir ce qu’il en est de cette console. Autant au Japon qu’aux États-Unis et maintenant en Europe, ils ne savent pas où ils s’en vont. Nous croyons en la DS. Nous croyons en son potentiel d’élargir le marché, autant que dans sa capacité à satisfaire les «joueurs». En fait, la PSP est handicapée à long terme. Cette console a déjà atteint ce qu’on attendait d’elle et ce sera tout.
Edge : Iwata a plusieurs fois dénoncé l’échec de Sony à innover, sa tendance à s’appuyer sur le passé – ce qui fait que le marché stagne. Pensez vous que c’est honnête de dire ça quand on pense aux capacités multimédia de la PSP qui vont attirer pleins de gens vers le jeu vidéo?
Merrick : Mon avis, c’est qu’il faut être prudent à ce sujet. Prenons le lecteur MP3 par exemple. Déjà pour commencer, la PSP est le lecteur MP3 le plus gros qui m’ai été donné de voir. Et ce lecteur massif s’appui encore sur les barretes de mémoires pour emmagasiner la musique. Une technologie obsolète quand on sait que c’est les disques durs qui sont utilisés de nos jours. Une belle opportunité gâchée par Sony. Soit, les gens utiliseront le lecteur MP3, mais il est trop limité pour que cela devienne leur lecteur principal.
Pour ce qui est de la vidéo, et bien ce n’est pas clair là non plus. Il n’y a que quelques films de disponibles. Je suis sûr que ça va s’améliorer mais ils vont avoir des problèmes en ayant choisi un format propriétaire. Vous êtes un fanatique de cinéma. Vous possédez une imposante collection de DVD. Qu’allez vous pouvoir en faire avec PSP? Rien. Vous allez devoir racheter chaque film que vous voudrez visionner sur votre portable Sony. Vous n’allez pas pouvoir les louer non plus. Il n’y a pas un club vidéo qui va se lancer dans le support de ce format.
Le lecteur vidéo comme le lecteur MP3 ne sont que des bonus à la fonction principale de la PSP. Je ne pense pas que ce soit suffisant et de toute façon, ces suppléments ne constituent pas des innovations.
Edge : Nintendo semble très loquace quand il s’agit de la PSP ce qui n’est pas le cas de Sony à propos de la DS. Est-ce une stratégie de Nintendo?
Merrick : Non. En fait, c’est assez personnel, ça dépend des personnes. Monsieur Iwata par exemple, n’en parle pas tant que ça. Mais quand vous assistez au CES de Sony, il vont vous dire : «Oh, mais nous ne compétitionnons pas avec Nintendo, nous visons l’iPod.» Et qu’est-ce qu’ils vous montrent ensuite? Une feuille de spécifications comparant la PSP, la DS et la GBA. Ce qui fait que je pense que ce qu’ils disent et ce à quoi ils savent qu’ils ont affaire, c’est deux.
Edge : Qu’est-ce qui fait votre affaire ? Assurément, dire qu’ils confrontent l’iPod, c’est vous enlever la pression d’un face-à-face DS / PSP. Auriez-vous vraiment préféré que Sony martèle les différences techniques entre les deux consoles ?
Merrick : Bien évidemment, à ce jeu-là, Sony l’emporte. Toutefois, vous avez pu remarquer qu’on ne joue pas ce jeu. A-t-on déjà vanté la cadence de notre processeur ou le nombre de polygones générés ? Non.
Edge : Mais vous ne pouvez parler de ces points parce que vous savez que vous ne faites pas le poids quand il s’agit de technologie.
Merrick : Et bien voilà où sont nos différences d’opinions fondamentales. On ne pense pas que c’est forcément relié. Au bout du compte, le consommateur achète une manière de jouer. Ça ne compte pas vraiment quel processeur il y a dans la console. Je compare toujours avec les cinémas. Vous allez au cinéma pour le film que vous avez l’intention de voir, pas pour les sièges ou le support à boissons.
Edge : Ce n’est pas vraiment honnête comme comparaison. Vous parlez de détails sans importance alors que l’image et le son sont des éléments au coeur du jeu vidéo.
Merrick : Évidemment, entre deux cinémas diffusant le même film, j’irais moi-aussi dans le celui qui propose l’écran le plus grand et le son de la meilleure qualité. C’est vrai. La PSP est une bonne console sur le plan de la machine. Le design est joli, l’écran magnifique. Ils ont eu quelques soucis de fiabilité au Japon, mais ils corrigeront ce problème, j’en suis sûr. La console n’en sera que mieux. Mais le fait est que nous n’avons pas les mêmes films au programme.
Edge : Vous avez annoncé deux classes de prix pour les jeux – 30£ et 20£. Quand nous avons parlé à Reggie Fils-Aime, votre collègue mais pour NOA, il a dit qu’il ne trouvait pas le marché américain suffisament sophistiqué pour cette mesure. Dites-vous que les joueurs européens sont plus sophistiqués que les joueurs américains ?
Merrick : Absolument. En tant qu’Américain, je peux l’affirmer sans me tromper. Je pense que cela concerne la valeur du jeu pour le consommateur – cela a fonctionné au Japon – en ce qui a trait aux heures de jeu et à la profondeur de jeu. Nous allons vendre Polarium à un prix plus bas, mais on s’attend à ce que les autres jeux soient disponibles à un prix plus élevé.
Edge : Iwata a pris un ton très sérieux quand il s’est dit profondément désolé pour la situation en Europe. Est-ce que cette phrase est un concensus de NOE qui conçoit à quel point les joueurs Nintendo sont frustrés en Europe ?
Merrick : Quoique j’aimerais faire parler Monsieur Iwata et contrôler ce qu’il dit, je n’ai pourtant jamais réussi. Il écrit ses propres discours. Vous pouvez être sûr que ce qu’il dit en public le concerne à 100%.
Edge : Il semble clair qu’il y a eu un changement de politique chez Nintendo dans la dernière année pour ce qui est des dates de sortie. On n’a qu’à penser à des titres comme Metroid Prime 2: Echoes et Zelda: Minish Cap qui sont sortis en Europe avant le Japon. Est-ce une volonté de la maison-mère ou tout simplement NOE qui se bat plus que jamais pour avoir les hits le plus tôt possible ?
Merrick : Ça fait partie du plan de mondialisation de Nintendo qu’a avancé Monsieur Iwata. Son passé explique cette idée. Il a été developpeur chez HAL Studios. Ce qui signifie qu’il était à l’extérieur, qu’il avait une vue plus globale des choses. Il n’a pas la vision en tunnel propre aux gens qui ont passé 30 ans dans la compagnie. Il sait l’image qu’a Nintendo à l’extérieur des murs de la maison-mère. Il vient une semaine sur quatre travailler chez NOA sur un de nos projets réseau. Alors il a une bonne compréhension du marché occidental. Il en fait autant pour l’Europe.
Edge : La DS, comme la PSP, a été lancée avant que vous soyez prêts à confirmer ses fonctionnalités Wi-Fi. Pourquoi ?
Merrick : Deux raisons : Le mode sans-fil local offre un plus aux consommateurs. Tout le monde peut comprendre ça. Vous l’allumez et ça fonctionne. Cela fait partie du message véhiculé par la DS. Pour ce qui est du Wi-Fi, c’est plus compliqué. Les jeux sur consoles sont devenus tellement populaires grâce à leur simplicité. Vous branchez un jeu et pas besoin d’ajouts, de pilotes, de configuration spécifique, de mot de passe. C’est tout le contraire pour l’Internet. Nous essayons d’intégrer cette technologie réseau en conservant la philosophie de simplicité prônée par la DS. Et cela va prendre du temps. Enfin, l’autre raison, c’est qu’il nous faut conclure des ententes avec des fournisseurs de service Internet, installer des points d’accès et pleins d’autres choses du genre.
Edge : Quelle partie de ce travail d’installation du réseau Nintendo est confié à des compagnies extérieures et que vous ne contrôlez pas ?
Merrick : Il y a une partie significative du réseau qui dépend du fournisseur Internet propre à chaque marché local. Il y a plein d’autres variables. Cela va dépendre également des jeux et de ce qu’il vont offrir. Pour quelques jeux DS, on pourrait utiliser GameSpy qui est un très bon produit et qui fonctionne bien.
Edge : Le gros argument de Nintendo pour la DS, c’est qu’elle va attirer de nouveaux joueurs au jeu vidéo. Des chiffres qui vous proviennent des États-Unis et du Japon, pouvez-vous dire que cet objectif est couronné de succès ?
Merrick :Pour ce qui est des femmes, on constate des augmentations, autant au Japon qu’aux États-Unis. En terme de nombre de joueurs et de leur profils, il est trop tôt pour se prononcer. C’est surtout les connaisseurs qui se sont procurés la console en premier. J’ai pu jeter un oeil sur les derniers chiffres en provenance du Japon et cette nouvelle clientèle féminine est clairement présente sur DS. Mais c’est tout ce qu’on peut conclure pour le moment.
Note : Cette entrevue est disponible dans le numéro de mars 2005 du magasine Edge.
Entrevue traduite par Martinus pour le NintendojoFR
Par Martinus
Le 7 mars 2005 | Catégories : Nouvelles
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