L’été dernier, j’avais voulu écrire un truc sur Crash Bandicoot, mais c’était tellement creux et vide que j’ai pas réussi.
- Mortal, pas nostalgique
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Horace : le monde à l’envers
Avant de commencer le test, il convient de préciser qu’une clé du jeu nous a été fournie gratuitement
Un peu plus d’un an après sa sortie sur ordinateur, Horace débarque le 21 octobre prochain sur Nintendo Switch. Horace, développé par Sean Scaplehorn et Paul Helman, se présente comme « conduit par son scénario, un jeu de plateforme parsemé de nostalgie et de références à la pop culture qui enjaillera n’importe quel joueur ou joueuse ayant apprécié les ères 8 et 16 bits » selon le site de 505 games, son éditeur.
Vous en conviendrez la proposition n’est pas des plus originales, sûrement la raison pour laquelle la sortie PC fut relativement discrète, cependant avec un score MetaCritic de 81 cette sortie sur Nintendo Switch est-elle l’occasion pour Horace de profiter de cet eldorado des jeux indés ?
Désigner Horace comme un jeu « conduit par son scénario », c’est le minimum qu’on puisse dire. Focus intéressant pour un plateformer 2D en pixel-art, c’est par son histoire que Horace souhaite se distinguer, il est en effet découpé en 22 chapitres qui nous dévoilent tous sans exception des cinématiques durant lesquelles l’androïde narre son histoire de sa propre voix…un text-to-speech Google Traduction.
Nous allons ainsi suivre le robot Horace premier du nom depuis sa naissance à travers de nombreuses aventures. Le jeu commence avec l’éducation d’Horace par le vieil homme, son père adoptif, ces premiers chapitres servent de tutoriel pour se familiariser avec la physique du jeu qui se révèle être très précise et agréable.
Sans trop en dévoiler, l’épopée d’Horace se déroule largement au delà du manoir familial de départ. Au programme : évasion de prison, kidnapping de présentateur télé, escorte de gens à travers une usine d’électronique, voyage dans le temps, diffusion d’un virus (oupsi), parcourir une fête foraine abandonnée. Durant sa petite vingtaine d’heures, Horace nous fait papillonner entre de nombreux environnements et de nombreux registres d’écritures, passant du buddy-movie au film de guerre en passant par des moments émotions.
De même, Horace papillonne entre les genres et si c’est bien un jeu de plateforme il ne se limite pas à uniquement à ça. Le cœur du jeu est un plateformer plutôt ardu au respawn instantané où, comme pour un Super Meat Boy, on vient tester notre agilité contre de nombreux ennemis et pièges placés sur notre chemin, le twist c’est qu’ici des chaussures magnétiques vous permettent de marcher sur n’importe quelle surface. Passé cela, Horace vous fait passer du jeu de plateforme au metroidvania voire même au jeu de voiture, de vol, à Pong… Les « à côtés » sont en effet nombreux, que ce soit des petits boulots sous formes de mini-jeux de rythmes ou des bornes d’arcade pour jouer à des copies de jeux rétro, les joueurs ou joueuses souhaitant aérer leur expérience entre deux phases de plateforme ont une bonne dizaine d’options à disposition.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces « à côtés » ne sont en aucun cas des cache-misères, le côté nostalgique parfois très appuyé ne se suffit jamais à lui même, une référence n’est jamais totalement gratuite et permet de servir le jeu, chose assez rare pour être signalée. Car à l’instar du scénario et du contenu, le cœur même du jeu, les phases de plateforme, regorgent d’idées qui diversifient considérablement l’aventure. Encore une fois il ne s’agit pas ici de vous gâcher les nombreuses surprises de ce titre mais entre les puzzles qui jouent sur la gravité tête à l’envers ou les mécaniques méta servant à déstabiliser le joueur, vous devriez trouver votre bonheur. Horace offre en effet de véritables excellents moments de plateforme, le chapitre inspiré des oeuvres de Lewis Carroll reste indéniablement comme le meilleur moment de l’expérience.
Mais (car il y a toujours un mais) à vouloir faire trop, Horace se perd.
Reprenons si vous le voulez bien (c’est déjà écrit en vrai). Dans un premier temps l’histoire, si elle se veut être le conducteur de notre aventure, lasse rapidement, elle fait interagir beaucoup trop de personnages pour qu’aucun ne soit réellement attachant. Le récit entièrement dicté par le robot et sa voix synthétique n’aide pas à rendre les cinématiques particulièrement agréables non plus. Dans un second temps le visuel, le protagoniste est attendrissant mais mis à part les quelques fulgurances visuelles, Horace n’est pas très beau, le pixel art trop fouillis et les choix visuels…une porte sombre sur fond sombre… pas l’idée du siècle quoi. Troisième temps de la valse, la musique, celle-ci alterne entre compositions originales fades et réorchestration MIDI de musiques libres de droit, la bande-son passe de musiques 8-bits à des compositions plus orchestrales sans réelle cohérence. Dernier temps, le gameplay, s’il souhaite ressembler aux jeux de plateformes précis et nerveux d’Edmund McMillen il n’en a pas la précision (le placement des checkpoints sérieux…), les timings et le level design ne permettent pas les folies de déplacements d’un Super Meat Boy et si marcher sur les murs permet de ruser certains passages, les possibilités de se retrouver coincé quelque part ou de complètement passer un tableau sans le vouloir sont beaucoup trop nombreuses.
En général, le jeu de Scaplehorn et Helman manque d’une direction claire, le duo semble d’être trop éparpillé pour qu’Horace sorte réellement hors de la masse des jeux indés, il tente d’être mille choses sans jamais être à niveau de ce qu’on trouve ailleurs. Même le dernier tiers, dans lequel on débloque pourtant 80% des améliorations après 10 chapitres sans avancée, ne décolle réellement jamais et se fait plus ressentir comme une fin de marathon que comme un sprint final. Le jeu peine à faire mieux que son chapitre 7 inspiré d’Alice aux pays des merveilles sous acides, malgré les quelques bonnes idées du boss final.
Vous l’aurez compris, je ne porte pas Horace dans mon cœur, le manque de cohérence sur tous les points, le design peu précis et le rythme hasardeux sont de gros freins à une bonne expérience. Cependant, Horace est adoré d’un grand nombre de personnes. Il suffit de se balader dans les critiques Steam ou sur n’importe quel site recueillant l’avis des lecteurs pour constater que l’histoire a particulièrement touché certaines personnes. Alors qui sait, malgré les problèmes que j’ai exposé, peut être qu’Horace sera le jeu de l’année pour vous, rejoignant votre panthéon absolu. Je ne vous recommande pas de l’acheter à 15 euros mais qui sait, en promo, peut être qu’Horace sera pour vous cette énième perle indépendante révélée par la Switch.
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