L’été dernier, j’avais voulu écrire un truc sur Crash Bandicoot, mais c’était tellement creux et vide que j’ai pas réussi.

- Mortal, pas nostalgique

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Émission s24e02 − Echos of Wisdom
Le 22 octobre 2024, par Mortal







LucasArts, un travail de deuil

Day of the Tentacle, si tu avais un doute, cher lecteur

 

Phase 1 : Le choc

Mercredi 3 avril, 17 h 40.

Sale journée. Je glande sur le net en attendant la fin de ma journée. Je butine ma timeline Twitter. Entre deux conneries, je tombe sur un petit gazouillis anodin : “Good luck to everyone at Lucas, Square… Companies are always lookin’ for talent! Make it happen!”

Ou, en bon français (“we’re in France, we speak French”, disait le sage), « Bonne chance à tous chez Lucas, Square… Les studios sont toujours à la recherche de talent. Foncez ! »

Autant pour Square Enix, on commençait à savoir que du monde avait été ou allait être remercié, autant le reste me laissait craindre le pire. Je farfouille les tréfonds du web. Ça fourmille d’inquiétudes, de réactions violentes… de réactions de dégout.

Et en plus il pleut.

Mercredi 3 avril, 17 h 48.

Sur NintendojoFR (seule source d’information totalement fiable et objective du web, tkt), la nouvelle tombe : « Oubliez l’affaire Cahuzac, le vrai scandale du jour vient de tomber : Disney ferme LucasArts. »

Phase 2 : Le déni

Cela me semble juste impossible…

Vérification de date : non, nous ne sommes pas le 1er avril. Une boite créée en 1982, avec la signature de tonton George sur l’acte de naissance… (Remarque, la même signature a été apposée sur l’acte de revente à oncle Walt en octobre 2012…), même si techniquement c’est LucasFilm Games qui est né en 1982, avec pour seule consigne de faire autre chose que du Star Wars, et même si techniquement, l’existence de ce beau bébé n’a été officialisée qu’en 1984 (quelle belle année).

Bref ! Comment la firme à Mickey pourrait choisir de tuer la boite que j’associe à de fabuleux souvenirs sur des point & click, alors que de nombreux projets de jeu se réclamant de cette école naissent sur Kickstarter en explosant leur objectif de financement, et que Telltale Games, l’enfant non déclaré du studio, explose critiquement et commercialement avec son absolument fantastique The Walking Dead (jouez-y !).

Tim Shafer, qu’on ne présente plus (un ancien de la boîte pour les cancres du fond), est même récemment violemment revenu sur le devant de la scène en lançant en pâture à la populace pour qu’elle lui donne des sous son futur on-l’espère-très-réussi-sinon-la-colère-de-la-plèbe-risque-de-faire-péter-l’internet Double Fine Adventure. Ron Gilbert, joueur grognon, est lui aussi revenu sous le feu des projecteurs avec son très bon The Cave (essayez au moins le démo Wii U !). Sans parler, dans un autre registre que celui qui fait s’écrier « mais à quoi ils se droguent, ces cons ? », le retour de Revolution Software avec son futur Broken Sword 5 (Les Chevaliers de Baphomet)…

Une nouvelle voie royale semble s’ouvrir pour les productions typiques du studio, mais non…

On pourrait croire que je ne résume LucasArts qu’aux point & click de sa période de gloire, mais au-delà du fait que les gros éditeurs semblent croire que le genre est mort (alors que, comme je viens de le dire, il revient gentiment, et qu’il a encore beaucoup à faire vivre aux joueurs – jouez à Walking Dead, qu’on vous dit !), n’oublions pas non plus qu’oncle Walt a relancé la machine Star Wars au cinéma, et qu’il y a par conséquent de futurs scénarios foireux à adapter en jeu ! Bon, d’accord, les derniers bons jeux Star Wars ont été fait par Bioware, sur des scénarios originaux… Mais quand même ! Merde !

Phase 3 : La colère et le marchandage

Mercredi 3 avril, 17 h 59.

NintendojoFR (un site qu’il est vraiment vachement bien, on vous dit, vous devriez passer plus souvent faire un coucou), philosophe : « On retiendra donc que le dernier jeu de l’éditeur des Monkey Island, Day of the Tentacle et autres Rogue Squadron est Kinect Star Wars. »

Allo ? Nan mais allo ?

On a une boîte capable d’humilier les scénaristes du piteux Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal avec un jeu vieux de 30 ans (jouez à Indiana Jones et le mystère de l’Atlandide, le seul et vrai Indiana Jones 4) pendant que tonton Lucas bousille sa 2e grosse franchise dès le final de son introduction (ou alors, les restes de coco et de LSD abandonnés par l’équipe Monkey Island ont fini par donner naissance à une énigme à base de bombe atomique, énigme résolue avec une sombre histoire de frigo magique).

C’est comme si je te disais « t’écris des préquelles à une trilogie cultissime et globalement cohérente, et tu foires la moitié des trucs, en tuant un rêve de gosse au passage ! Nan mais allo quoi ! » (Cette phrase malheureuse sera certainement enterrée sous une belle couche de moisi à la publication de cette bafouille… tans pis. – Note du correcteur : crois pas si bien dire, on rend cette honte rédactionnelle publique ; t’as probablement pas remarqué que t’avais sorti un « allo » deux paragraphes plus haut.)

(Ouais, on en profite tant qu’on a le droit de le dire. Paraît qu’un dépôt de marque est en cours. Vu le niveau de connerie pure de certain, j’en flippe quand même. – Note de correction : tu peux bien avoir peur, car ça s’est produit depuis que t’as écrit ton bordel, Mecton !)
(Dernier truc, ne cherchez plus à faire bouger votre stylo-plume en utilisant la Force : si vous n’avez pas les microbes qui vont bien dans le sang dès la naissance, c’est baisé. Merci George.)
(On a eu une promo sur les parenthèses, alors faut qu’on les passe.)
(J’en laisse un peu pour les copains quand même.)
(Note du correcteur : merci, Mecton, t’es comme un frère musulman pour moi !)
(Note de meduz’ : ouais, donc, le correcteur, c’est moi, hein.)

Phase 4 : La tristesse

Alors, j’erre dans les bas-fonds du net. Au hasard de forums, je tombe sur des retranscriptions d’anciens du studio. Et pas n’importe quels anciens…

Never trust a fart

Réaction de Tim Schafer : « Même si une partie de moi sentait que cela arriverait, je suis sous le choc. Je ne pensais pas que Lucas pourrait fermer un jour. Je suis triste pour les talentueuses personnes qui y sont. LucasArts était mon premier boulot dans l’industrie. Et triste de voir cette histoire s’en aller. Je vais aller faire leurs poubelles pour voir si je pourrais y trouver des illustrations de Full Throttle. »

Le grumpy original

Réaction de Ron Gilbert :

« C’est difficile pour moi de ne pas être triste. Je n’y ai pas travaillé depuis 1991 mais cela restait ma maison. J’ai grandi là-bas. J’ai appris tout ce que je sais sur la conception des jeux. Je suis devenu un vrai développeur, là-bas. J’y ai rencontré de bons amis. Huit de mes plus mémorables années, qui ont influencé le reste de mon existence, ont été passées là-bas. Je n’en serais pas là où j’en suis sans Lucasfilm Games. »

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Réaction d’autres gens de l’équipe (qui y bossaient encore) : « LucasArts est mort aujourd’hui. Il avait 30 ans. »

Réaction de Mecton :

Sad mecton is sad

SCUMM : utiliser *mouchoir* sur *oeil mouillé*

Phase 5 : La résignation

On pourrait discuter des raisons qui ont poussé l’empire Disney à fermer ce symbole qu’était LucasArts. Et on parlera plus de symbole que de studio pour le coup parce ce que, honnêtement, les dernières productions LucasArts n’étaient vraiment pas extras (Le pouvoir de la Force II, un foutage de gueule bien mignon)…

Mais que faire après avoir « dilapidé » le catalogue ?

Monkey Island

Telltale a testé son mode de distribution épisodique avec ses pas trop dégueulasses Tales of Monkey Island. Rien à signaler depuis autour de la franchise. (Par contre, ça aura donné quelques années plus tard The Walking Dead, et ça, bordel de dieu, faut y jouer !). Si ça vous intéresse, c’est sorti sur WiiWare, PC, et supports inférieurs. The Secret of Monkey Island et LeChuck’s Revenge ont également été très joliment retravaillés récemment, avec la bonne idée de pouvoir basculer à tout moment de la version HD à la version d’origine.

Star Wars

Electronic Arts et Bioware ont sorti leur MEUPORG sans penser que le contenu du jeu allait être mangé très rapidement, et que la fringale des gros joueurs insatisfaits du manque de contenu haut niveau allait faire une bien mauvaise pub au jeu et le précipiter dans les abimes du free-to-play / pay-to-have-fun

The Dig

On attend toujours le film. Hein, tonton Steven !

Loom

Rien. Aucune exploitation du filon.

Full Throttle

Après les rééditions HD des deux premiers Monkey Island, pourquoi ne pas avoir fait celui-là ?

Maniac Mansion / Day of the Tentacle

Jouez à The Cave !

Sam et Max

Trois saisons épisodiques par Telltale (encore eux !). La franchise qui s’en sort le mieux.

Grim Fandango

Celui qui se paye encore aujourd’hui l’image du « jeu qui marqua la fin de l’age d’or des point & click ».

Zack McKraken

Le jeu est tellement vieux qu’il est bientôt oublié de tous… Bon timing pour un petit lifting ? (Coucou Duck Tales et Castle of Illusion.)

Quid de tout ce catalogue? Et bien, après avoir « remercié » la quasi-totalité des équipes, la gestion des licences est attribuée à Disney Interactive Studios. Bref, si vous pensiez pouvoir rejouer à tout ces bons jeux en abandonware, ça ne sera pas pour aujourd’hui, petites canailles !

Phase 6 : L’acceptation

Par pure nostalgie, une compilation d’animation de logos de la boite pour ses 20 ans :

 J’ai machinalement demandé à des amis s’ils avaient des souvenirs particulier autour des franchises LucasArts.

Aujourd’hui, quelques semaines après l’annonce officielle de la fermeture, ça donne :

« Et Star War 1313 alors ? o_x »

Annulé depuis. Pourtant, il parait que ce qui en avait été présenté à l’E3 2012 était assez prometteur, et possiblement destiné à la sortie de la prochaine génération de consoles inférieures (la dernière fois qu’on a vu du Star Wars au lancement d’une machine, c’était Rogue Leader sur GameCube ; pas dégueulasse du tout, non ?). Fait intéressant (et triste) : le site de LucasArts est toujours sous fond de Star Wars 1313

« J’avoue, après avoir parcouru la liste des jeux de LucasArts, n’avoir joué qu’à très peu d’entre eux. Le premier est l’un des Indiana Jones (surement Indiana Jones et la dernière croisade).  J’avais adoré, mais je n’avais passé que très peu de temps dessus (probablement que j’y jouais chez un copain). Je trouvais que le nombre de possibilités était énorme (bon, ce devait être mon premier point & click, donc je n’étais pas trop habitué). Après j’ai joué à … Star Wars: Rogue Squadron (ouais, rien entre les deux). Une tuerie ! »

« Dans Jedi Knight, tu pouvais avoir un double sabre ou un sabre à 2 lames, et ça, c’était la classe ! »

« En même temps, tant de souvenirs… Full Throttle, je pense, reste mon best Lucas game ever… L’attaque des lapins en peluche sur le champ de mine avec la Chevauchée des valkyries en fond sonores, ou une des premières répliques :

“– You know what might get better on your nose?
– What?
The bar!”

Culte ! »

« Full Throttle… qu’est-ce que j’ai pu le saigner ce jeu, les Indiana Jones aussi. Ah la la, que de bons souvenirs ! »

Full Throttle, je l’ai déjà dit, mais j’aurais tellement voulu un remake façon Monkey Island.

« Un poulet en plastique avec une poulie au milieu. »

Et le singe manivelle, non?

« L’ambiance film noir durant la Santa Muerte de Grim Fandango. »

« X-Wing, le tout premier jeu auquel j’ai joué, comment c’était trop bien à l’époque… »

« Hormis Star Wars, tout était bien. »

À la limite, si vous aussi, chers lecteurs, vous avez des souvenirs à évoquer, spammez le courrier des lecteurs. On verra ce qu’on peut en faire.

Phase 7 : La reconstruction

Il est maintenant temps d’apporter une conclusion à cet article. Je ne cache pas que sa rédaction a été très étalée dans le temps. La crainte première était de pondre un truc trop proche d’une page Wikipédia. D’ailleurs, si vous voulez des détails sur une franchise / un jeu / une personne en particulier, je pense que si la mort de LucasArts vous parle, vous êtes assez grands pour trouver des informations tous seuls.

Mais avec le recul, c’est une bonne chose. En effet, à chaud, j’en ai vraiment voulu à Disney d’avoir tué LucasArts. Mais finalement… Est-ce que je ne leur en ai pas principalement voulu d’avoir touché à mes souvenirs ? De vieux souvenirs (Note du correcteur : probablement les mêmes vieux souvenirs dont la fibre nostalgique réussit à faire raquer plein de pigeons au moindre Kickstarter lancé par un abruti qui sait vous sous-tirer vos eurodollars pour faire un sous-jeu.). Parce qu’en effet, qu’est-ce que LucasArts a sorti récemment qui m’ait vraiment fait vibrer en tant que joueur ? Est-ce qu’au contraire, les dernières productions Star Wars n’avaient pas déjà commencé à érailler mes souvenirs de leurs premières productions réalisées sans l’aide de personnes de l’extérieur ?

Au final, et si c’était la meilleure chose à faire : tuer le père, pour que chaque licence puisse essaimer ailleurs ?

Ron Gilbert a déclaré sur son Twitter qu’il voulait qu’on lui reconnaisse la paternité de Monkey Island. Difficile de savoir s’il était sérieux. Mais si jamais la mort de LucasArts pouvait amener à la sortie d’un nouveau Monkey Island, et bien oui, ça aura été une bonne chose. En attendant, merci pour The Cave, mec ! C’était chouette.

De son côté, Tim Schaffer nous a sorti pas mal de petites perles avec son studio Double Fine Productions (Psychonauts, Stacking, Brütal Legend…).

Et histoire de s’assurer que tout est possible : Leisure Suit Larry revient au mois de juin, au grand bonheur des féministes ! Bon, c’est un remake du premier, qui ne vaut pas l’excellent 7 – Drague en haute mer –  mais je prends quand même !

Telltale promet une saison 2 à Walking Dead, et s’attaque à l’adaptation du comics Fables en attendant.

Pendulo Studios (Runaway / Yesterday / The Next Big Thing) galère à trouver des fonds pour son prochain Day One (c’est le nom du jeu, mais day one pour moi quoi qu’il arrive).

Capcom entretient sa série Phoenix Wright (parce que ouais, j’y retrouve un peu l’esprit du jeu d’aventure un peu barré).

Et pour parler plus particulièrement des productions sorties sur console Nintendo, à part les trois Rogue Squadron, qu’y a-t-il à pleurer ? De toutes manières, Factor 5 est mort (le gros mur « kit de développement PS3 » l’aura tué, avec son Lair bien foireux).

On attend peut-être quelque chose de ce côté là, même s’il y a de très fortes chances qu’on récupère un jeu rushé en trop peu de temps pour capitaliser sur la sortie du prochain film.

Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que Disney se soit payé LucasFilm / LucasArts pour laisser pourrir un catalogue avec un potentiel si juteux.

Bref, LucasArts est mort. Nous voilà plus vieux.
La suite sera meilleure.
Je l’espère.

***insérer ici musique triste***

Sources :


Par MectonLaFlemme
Le 1 mai 2013 | Catégories : Articles, Editos

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