La rétrocompatibilité, c'est la technologie de demain qui te permet de jouer à tes jeux d'hier sur ta console d'aujourd'hui

- Mortal, très inspiré pour une première émission

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Les Archives de Cranky – L’histoire de Picross

« – Papi Cranky, papi Cranky, t’as vu ? Un nouveau Picross est sorti sur Switch ! Ça s’appelle Picross S.

– Doucement, doucement, les enfants. Oui, j’ai vu ça. À la maison de retraite, ils m’y font encore jouer, à Picross. C’est bon pour la tête, il paraît. Hah ! Comme si j’avais besoin de ça.

– Mais papi, ça existait déjà le Picross, quand t’étais petit ?

– Le quoi ?

– LE PICROSS !

– Ah mais ça les enfants, c’est pas le nom original. D’ailleurs, il existe sous d’innombrables noms, ce jeu : Hanjie, Illust-Logic, Pic-a-Pix, Oekaki Logic, et plein d’autres. Vraiment plein ! Ben oui vous comprenez, on peut déposer le nom d’un jeu, mais pas son concept. Et donc, quand un jeu a du succès comme celui-là, il en sort une multitudes de clones ou variantes, sous des noms différents. « Picross », c’est le nom que Nintendo a donné à ses adaptations en jeu vidéo, mais le concept du jeu date d’avant la sortie de Mario’s Picross. Et on y jouait avec un papier et un crayon à l’époque ! Vous devez pas connaître.

– Mais alors c’est quoi, le premier nom de Picross ?

– À la base, l’invention du jeu remonte à la fin des années 80, au Japon. Eh oui, c’est souvent là-bas que les grands jeux de logique sont inventés. En 1987, une graphiste japonaise appelée Non Ichida, participe à un concours de pixel art, en se servant des fenêtres d’un immeuble : elle reproduit des dessins en allumant ou éteignant les lumières, chaque fenêtre jouant le rôle d’un pixel. Grâce à cette idée, elle remporte le concours. L’année suivante, en 88, elle s’inspire de cette expérience pour inventer le jeu tel qu’on le connaît. Elle en publie trois grilles dans un magazine japonais, sous le nom de Window Art Puzzle, rapport aux fenêtres d’immeuble. Voilà le premier nom officiel du Picross !

– Oooooooh. C’est donc Non Ichida qui a inventé le jeu ?

– Oui, mais pas seulement elle, figurez-vous. La même année, en 88, Tetsuya Nishio publie le même jeu dans un autre magazine, a priori sans lien avec celui de Non Ichida. Comme quoi, cette idée était vraiment dans l’air du temps.

– Mais tu sais papi, maman elle a dit qu’elle connaissait déjà le jeu, parce qu’elle y avait joué en Angleterre, même avant papa sur sa Game Boy ! Et malgré ses recherches, elle n’a pas retrouvé ce jeu à son retour en France, à l’époque.

– Ça m’étonne pas : en 89, Non Ichida présente ses Window Art Puzzles à James Dalgety, un Anglais passionné de casse-tête. Ce dernier est complètement séduit par le concept, et il parvient à convaincre le plus gros journal anglais, The Telegraph, de publier les grilles d’Ichida chaque semaine. Mais pour cela, il faut trouver un autre nom à ce jeu : en contractant le prénom « Non » et la fin de « Diagram », ce sera …les Nonograms. À partir de 1990, le jeu est donc publié chaque semaine dans The Sunday Telegraph, sous le nom de Nonograms.

– Haha, c’est rigolo, « Nonogram ».

– Oui. Donc tu vois mon p’tit gars, c’est pas étonnant si ta mère a connu le jeu en Angleterre. Il a été inventé au Japon, mais l’Angleterre a été précurseur dans sa propagation. D’ailleurs, à partir de 93, il est publié dans des journaux du monde entier : au Japon par le Mainichi Shinbun, mais aussi en Suède, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, etc. Et pas que dans les journaux : il y a aussi plusieurs livres de Nonograms qui sortent à partir de 93. Non Ichida en publie elle-même dans son pays, et le Telegraph commence la série de livres The Sunday Telegraph Book of Nonograms au Royaume-Uni. Je connais bien ça, moi : j’allais régulièrement en Angleterre à cette époque, pour des petits rôles chez Rare. Ah c’est sûr c’était pas un rôle principal comme avant, mais bon, il faut bien manger. Bref, plus tard, en 96, Non Ichida souhaite garder le nom « Nonogram » pour ses propres publications au Japon. La collaboration avec James Dalgety prend alors fin, et en 98, le Telegraph renomme le jeu en Griddler pour ses publications.

– « Griddler », mouais… Et « Picross » dans tout ça ?

– « Picross », c’est Nintendo. En 95, ils décident de surfer sur le succès des Nonograms, et font appel au studio Jupiter pour adapter le concept en jeu vidéo pour la première fois. C’est sur Game Boy que ça se passe, et pour le nom, c’est simple : on contracte « Picture » et « Crossword » comme les Japonais aiment bien le faire, on remue un peu, et on obtient « Picross ». Avec un thème Mario par-dessus c’est toujours plus vendeur, et ça nous donne Mario’s Picross, sorti sur Game Boy en 1995. Le premier d’une longue série. La Game Boy, c’était vraiment une bonne idée. Déjà, car le jeu n’a pas besoin de couleurs, et aussi parce qu’il est très bien adapté à une utilisation nomade. Et là, en cas d’erreur, plus besoin de gomme : il suffit d’appuyer sur le bouton B. Tiens d’ailleurs, le costume de l’explorateur dans Super Mario Odyssey, vous voyez ? Eh ben ça vient de là.

– Et ça a bien marché, Mario’s Picross ?

– Au Japon oui, en occident, pas tant que ça. En conséquence, si le premier Mario’s Picross est sorti dans le monde entier, ses suites sur GB et SNES ont été réservées au Japon, du moins jusqu’à la Console Virtuelle. Mais parlons-en de ces suites. Il y a eu tout d’abord l’épisode probablement le moins connu de tous : Tamori’s Picross, en 95.  Hehe, tu le connaissais pas celui-là, hein ? C’est un jeu Super Famicom exclusif au Satellaview. Tu sais, le service de distribution de jeux SFC par satellite. Ce qui explique d’ailleurs le peu d’informations à son sujet. Mais la vraie première suite à Mario’s Picross, c’est Mario’s Super Picross, en 1996 sur Super Famicom. Le principe est le même, toujours avec un thème Mario, mais le jeu est découpé en deux parties distinctes : une partie Mario, et une partie Wario à débloquer.

– Wario ? Et quelle différence avec la partie Mario ?

– Eh bien, dans la partie Mario, il y a une limite de temps pour résoudre le puzzle. Lorsque le joueur fait une erreur, celle-ci est immédiatement signalée, corrigée, et un malus de temps est appliqué. Ça, c’est le mécanisme hérité de Mario’s Picross, qui permet au joueur de ne pas être trop perdu. En plus, il y a un indice optionnel en début de partie, qui révèle une ligne et une colonne de la grille au hasard. Mais dans la partie Wario, c’est différent : il n’y a plus de temps limite, mais en contrepartie, il n’y a ni indice, ni signalement d’erreurs ! En quelque sorte, c’est une situation similaire au jeu sur papier. C’est un peu plus difficile, car on peut accumuler les erreurs sans s’en rendre compte, et se retrouver bloqué vers la fin. Ben oui, certains avaient critiqué le fait que les erreurs soient immédiatement signalées dans Mario’s Picross. Donc voilà, maintenant, tout le monde est content.

– D’accord. Et c’est quoi, les autres suites ?

– La suivante, c’est Picross 2, sur Game Boy, en 1996. En gros, c’est la même chose que Mario’s Super Picross, mais sur Game Boy. On retrouve les parties Mario et Wario distinctes, avec les mêmes règles.

– Et après, on passe à la DS ?

– Pas si vite, pas si vite ! C’est vrai qu’il n’y a eu aucun Picross sur GBA, néanmoins, la série a continué à vivre entre 1999 et 2000, avec pas moins de 8 jeux sortis ! Et vous savez sur quelle plateforme ?

– Euh… La Virtual Boy ?

– Mouahaha, qu’y sont cons ces gosses. Hum, non. Picross NP (pour Nintendo Power) est une série de 8 titres, sortis sur le service Nintendo Power de la Super Famicom.

Nintendo Power, comme le magazine ?

– Ça c’est en Amérique du Nord, mais au Japon, Nintendo Power est un service de distribution pour les jeux Super Famicom et Game Boy, équivalent au Disk System de la Famicom. Le principe est de télécharger le jeu sur une cartouche spéciale ré-inscriptible, pour un peu moins cher que le prix normal. Et donc, il y a eu 8 jeux Picross NP sur Super Famicom, vendus exclusivement sur ce service. Ce qui est rigolo, c’est que chacun d’entre eux a pour thème un jeu Nintendo différent : Pokémon, Yoshi’s Story, Kirby, Star Fox 64, Ocarina of Time, etc. Tiens, il y en a même un avec ton père.

– C’est bien beau tout ça, mais c’est que pour le Japon. Et nous alors ?

– Tu l’as dit. En occident, on n’a eu aucun Picross après le premier, jusqu’à Picross DS, en 2007. 12 ans d’attente ! Toujours développé par Jupiter, le jeu abandonne les licences Nintendo pour prendre une apparence plus sobre. Il y a plusieurs modes de jeu, avec ou sans signalement des erreurs, un challenge par jour, et de nouvelles grilles à télécharger en Wi-Fi.

– Et puis sur DS, il y a le tactile !

– Oui, j’imagine que ça a dû plaire à certains. Moi, je suis trop vieux pour vos cochonneries tactiles, là. Il me faut des boutons.

– Et Picross 3D ?

– C’est une série dérivée, un spinoff comme disent les jeunes, où le concept est transposé en 3D. Ce n’est pas Jupiter qui développe cette fois, mais HAL. Il y a eu un épisode sur DS en 2009, et une suite sur 3DS en 2015, appelée Picross 3D: Round 2. À partir de 2011, la série traditionnelle passe au dématérialisé, avec les Picross e, sur l’eShop de la 3DS. Ces jeux ressemblent beaucoup à Picross DS. Il y a eu 7 épisodes : e, e2, e3, et ainsi de suite jusqu’à e7, entre 2011 et 2016. En 2016, on peut signaler aussi la sortie de My Nintendo Picross: The Legend of Zelda Twilight Princess. C’est un jeu téléchargeable sur 3DS, mais uniquement contre des pièces My Nintendo, le programme fidélité de la marque. Comme tu peux t’en douter, c’est un Picross ayant pour thème Zelda Twilight Princess.

– Dis papi, mon copain à l’école, il dit qu’il y a un Picross Pokémon, c’est vrai ?

– Oui Monsieur ! En 2015, La Pokémon Company demande à Jupiter de développer un Picross avec un thème Pokémon. Et devinez quoi, il s’appelle Pokémon Picross. C’est sorti en 2015 sur l’eShop 3DS, et l’originalité principale de cet épisode, c’est qu’il s’agit d’un free to play. C’est-à-dire qu’on peut le télécharger et commencer à jouer gratuitement, avec bien sûr des micro-transactions pour continuer par la suite. Eh oui, le succès de ce modèle économique sur smartphones, ça donne des idées, au bout d’un moment. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas le premier projet de croisement entre Picross et Pokémon, puisqu’un jeu similaire était prévu sur Game Boy Color, et annoncé dans les magazines en 1999. Finalement, ce projet a été annulé, et son contenu réutilisé dans Picross NP dont je parlais tout à l’heure. Rien ne se perd…

– Et à part Picross, qu’est-ce qu’il y a comme jeux vidéo de Nonograms ?

– Oulà ! Comme je vous le disais tout à l’heure, Picross, ce sont les adaptations de Nintendo, et sans doute les plus connues. Mais il y en a eu beaucoup d’autres ! Par exemple, dès 1996, juste après Mario’s Picross, il y a eu Logic Pro sur arcade, par Deniam. Ou plus récemment, Pictlogica: Final Fantasy, dont je vous laisse deviner la licence. Bon, je vous épargne ces adaptations sorties sous d’autres noms, sur à peu près toutes les plateformes : DS, PC, navigateurs web, smartphones, etc., sinon on y est jusqu’à demain. Bref. Ça nous amène à aujourd’hui, avec ce nouveau Picross S, toujours développé par le fidèle Jupiter. Si la tendance reste la même, il est probable que d’autres épisodes sortent dans cette série. On n’a pas fini de gratter des grilles, je vous le dis. Bon, moi je vous laisse, je dois aller aux water. C’est pas marrant de vieillir. Vous n’avez pas vu ma cane et ma Switch par hasard ? »

Sources :


Par Tardigrade
Le 30 septembre 2017 | Catégories : Editos

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