L’été dernier, j’avais voulu écrire un truc sur Crash Bandicoot, mais c’était tellement creux et vide que j’ai pas réussi.
- Mortal, pas nostalgique
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Le jeu vidéo, une forme d’art?
Qui, en jouant à Metal Gear, a eu l’impression d’être Solid Snake ? Pas beaucoup de personnes à mon avis… Et je pense, que la supériorité du jeu vidéo par rapport aux autres formes d’art est évidemment celle-ci : dans un jeu vidéo, le joueur peut devenir le héros.
Deux raquettes verticales, symbolisant les deux joueurs, sont situées à gauche et à droite de l’écran, et peuvent être déplacées verticalement. Une balle évolue sur l’écran en rebondissant sur les bords haut et bas de l’écran ainsi que sur les raquettes. Si un joueur ne parvient pas à renvoyer la balle, l’adversaire marque un point. Voici le principe de Pong, un des premiers jeux vidéo. Et dire que les gens s’amusaient des heures avec ça…
Aujourd’hui, les productions vidéoludiques ne ressemblent plus tellement à ça. Mais qu’en est-il réellement ?
Aujourd’hui, de nombreux joueurs considèrent le jeu vidéo comme un art, et même, la nouvelle incarnation de l’art suprême. En vérité, on ne peut plus considérer le jeu vidéo comme un simple divertissement. Le jeu vidéo est devenu, bien plus qu’un simple divertissement, un grand moyen d’évasion.
Malheureusement, le jeu vidéo est toujours considéré par beaucoup de gens comme un simple jouet qui ne fait qu’abrutir les enfants. En vérité, le problème remonte jusqu’au nom même de cette forme d’art : "jeu vidéo" : dans jeu vidéo il y a "jeu" et on arrive à un problème fondamental : comment considérer comme un art ce qui se dit être un jeu ? Je pense que l’on doit absolument changer ce nom débile qui décrédibilise les tentatives des joueurs (et d’ailleurs il faut changer le mot "joueur" ^^) à vouloir affirmer le jeu vidéo en tant qu’art. Il faut bien avouer qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes ne cherchent plus seulement qu’à s’amuser en achetant un jeu vidéo.
Pour moi, Metal Gear n’est pas un jeu vidéo ; Metal Gear est un film interactif. Dans ce jeu, on regarde plus que l’on joue. Et tout le plaisir et l’envie de continuer à jouer sont dus à ce scénario qui est véhiculé par les cinématiques… Mais une question s’impose : est-ce que si Metal Gear était un film on aurait éprouvé la même chose en le regardant ? Je pense que l’expérience aurait été à peu près la même.
Le problème de Metal Gear, c’est que le joueur n’est qu’un spectateur (ce que Mr Kojima rappelle à plusieurs reprises dans son jeu…), et que l’identification est nulle. Qui, en jouant à Metal Gear, a eu l’impression d’être Solid Snake ? Pas beaucoup de personnes à mon avis… Et je pense, que la supériorité du jeu vidéo par rapport aux autres formes d’art est évidemment celle-ci : dans un jeu vidéo, le joueur peut devenir le héros. Et cette spécificité qu’offre le jeu vidéo peut réellement faire passer les messages les plus fous, et créer les œuvres les plus marquantes…
Malheureusement, de nombreux jeux se contentent d’être des films interactifs (ex : Final Fantasy) et c’est pourquoi le jeu vidéo est dans son ensemble une forme d’art sous exploitée, Et je ne parle même des trois quarts des jeux qui se contentent d’avoir un principe aussi simple que Pong…
Je pense que ce que Kojima n’a pas compris, c’est que pour faire passer son message (car il a même dit que c’est pour cela qu’il fait des jeux…), il aurait été bien plus judicieux que le joueur soit Snake, c’est-à-dire, que toutes ces cinématiques soient vues par Snake (chose parfaitement maîtrisée dans Half Life par exemple, où toutes les cinématiques sont interactives et c’est ce qui fait la force de ce jeu). Imaginez par exemple… la mort de Sniper Wolf mais vue par les yeux du héros, la scène aurait été beaucoup plus marquante… le joueur aurait réellement eu l’impression de l’avoir vécue. Faire de cette scène une cinématique, c’est vraiment du gâchis. Ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est que l’avenir du jeu vidéo ressemble à ça, à un film interactif.
OOT devrait être un modèle pour tous les développeurs. Dans ce jeu, je suis Link, chaque joueur qui y joue est Link, chacun est le héros. Dans OOT, l’identification est poussée au maximum, et c’est pour cela que, malgré le fait que le scénario ne soit pas complexe, le jeu est aussi passionnant. Les cinématiques sont introduites d’une façon exemplaire dans ce jeu. Vous remarquerez que dans toutes les cinématiques Link ne bouge pas, Link ne parle pas, Link ne fait rien. Pourquoi ? Car c’est au joueur de faire tout cela. Par exemple, quand Link rencontre Zelda pour la première fois, la cinématique n’est que le récit de Zelda… vous ne faites qu’écouter la légende… et c’est pour cela que l’immersion est totale. Vous êtes Link et vous écoutez ce que Zelda dit.
Le jeu est tellement bien réalisé qu’une fois le jeu terminé on a l’impression d’avoir réellement vécu l’expérience, que tout ça, c’est nous qui l’avons fait. Et je suis profondément convaincu que l’avenir du jeu vidéo c’est ça. Et cela peut être autant utilisé comme des jeux où le rêve est omniprésent autant que pour des jeux qui veulent faire passer un message très fort.
Imaginez un jeu sur les camps de concentration par exemple, vous êtes un déporté, l’immersion est totale, c’est l’horreur. Le jeu sera assez horrible et aura peu de succès je pense car personne ne désire vivre ça… mais imaginez la puissance du message, aucun livre ou film ne pourra vous retranscrire ce que ces gens ont vécu durant la 2ème guerre mondiale autant qu’un jeu vidéo. Et c’est pourquoi, je pense, que le jeu vidéo va devenir l’art suprême. Mais pour faire vivre de telles expériences au joueur, et que l’immersion soit vraiment totale, il faut inventer de nouvelles façons de jouer (qui a dit casque de réalité virtuelle ?). J’espère que Nintendo nous prépare vraiment une Révolution avec sa future console.
Il faut voir les choses en face, vous pensez vraiment que le futur Zelda ou le futur Mario seront meilleurs que les épisodes N64 ? Ces licences ça fait 20 ans que Nintendo les trimbale et je pense qu’on ne peut plus faire beaucoup mieux. Avec OOT, Nintendo a atteint le summum de ce qui peut se faire avec la licence Zelda. Aujourd’hui, on crée des jeux sur un terrain stérile. Vous imaginez, aller au cinéma, et ne voir que des suites en salles ? Il faut absolument que l’utilisation abusive des licences cesse. Je rêve d’un jour où chaque jeu sera original, une œuvre à part.
Ce que les entreprises ne comprennent pas, c’est qu’un jour l’ennui va s’installer chez les joueurs, et ce jour là, ça sera vraiment problématique, car à long terme cette politique va réellement détruire l’industrie.
Par Samy
Le 27 mai 2004 | Catégories : Editos
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