L’été dernier, j’avais voulu écrire un truc sur Crash Bandicoot, mais c’était tellement creux et vide que j’ai pas réussi.

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Émission s24e02 − Echos of Wisdom
Le 22 octobre 2024, par Mortal







Comment rejouer à tous les Game&Watch aujourd’hui

J’ai toujours adoré les Game&Watch, depuis qu’ils m’ont initié aux jeux électroniques, au début des années 80, avant les consoles. Depuis cette époque, pour y rejouer ou découvrir d’autres modèles sans tout racheter à prix d’or, des solutions sont apparues, plus ou moins convaincantes.

Il y a eu tout d’abord les compils officielles de la famille Game&Watch Gallery, sur Game Boy et Game Boy Advance. Néanmoins, ces versions sont limitées par la faible résolution des écrans Game Boy. De plus, au moins la moitié des jeux est à débloquer, ce qui peut être pénible si le titre qu’on veut essayer est dans ce cas. Par exemple, si vous voulez jouer au fameux Zelda, il est bien présent dans Game&Watch Gallery 4 / Advance, mais il faudra gagner assez d’étoiles avant de pouvoir y accéder, ce qui veut dire passer plusieurs heures sur des jeux peut-être moins intéressants… Un peu plus tard, il y a eu d’autres portages officiels sur Nintendo DS, console qui se prête particulièrement bien aux G&W Multi Screen. Il s’agit des compilations Game&Watch Collection, ainsi que de quelques portages sur DSiWare. Néanmoins, cela concerne seulement une poignée de jeux. On notera tout de même un mélange un peu bizarre entre Parachute et Octopus, dans Game&Watch Collection 2. Si besoin, cette page Wikipédia recense tous les portages et remakes officiels de Game&Watch. Elle est bien pratique pour savoir si tel titre est disponible, et où.

Mais pour avoir une expérience plus authentique, il y avait surtout les simulateurs. Ces programmes amateurs non officiels s’appliquent à reproduire le comportement du jeu le plus fidèlement possible, mais d’un point de vue extérieur, contrairement aux émulateurs qui reproduisent le comportement des composants internes. Les graphismes sont rippés en scannant directement le jeu. En 2000, j’avais moi-même consacré un de mes premiers sites web aux simulateurs de Game&Watch (que je vous épargne). Plus tard, j’ai même développé un simulateur de Oil Panic pour Nintendo DS. Mais dans ce domaine, c’est le développeur italien MADrigal qui est une référence depuis longtemps. Ses simulateurs sont toujours maintenus à ce jour, et même disponibles sous Retroarch au format « mgw » (core gw-libretro), ce qui les rend accessibles à un grand nombre de plateformes, dont la PS Vita et la Switch.

Déso pour la photo pourrite

Des simulateurs, il y en a aussi pas mal développés en flash ou JavaScript, et donc jouables directement depuis un navigateur.

Voici quelques liens de simulateurs de Game&Watch (et autres jeux LCD inférieurs) :

Les simulateurs ont donc régné en maître dans le domaine pendant une vingtaine d’années, mais voilà : tous les jeux ne sont pas disponibles (il est où, Super Mario Bros ?), sur des plateformes et des technos variées, et la fidélité à l’original n’est pas 100% assurée : elle dépend de la qualité de l’imitation. Non, l’idéal, ça serait d’avoir un émulateur de Game&Watch. Si Nesticle le faisait pour la NES dans les années 90, pourquoi n’y a-t-il pas d’équivalent pour les Game&Watch ?

Eh bien, tout d’abord parce que très peu d’informations étaient disponibles sur les microcontrôleurs des Game&Watch. Ce n’est pas moi qui le dis, mais MADrigal lui-même. De plus, il est très difficile de dumper la ROM des Game&Watch : c’est un processus physique long, coûteux, et destructeur. D’ailleurs, on a même longtemps douté de l’existence d’une ROM dans les Game&Watch, ce qui n’aide pas. Pour ces raisons, l’émulation de Game&Watch a été considérée comme impossible pendant des années.

Mais c’était sans compter sur le dévouement de quelques bidouilleurs, qui ne savaient pas que c’était impossible. Petit à petit, les ROMs sont ainsi dumpées. Pour l’affichage, les « sprites » LCD sont scannés en haute résolution à partir des jeux physiques, et reproduits en SVG, ce qui permet d’avoir un rendu propre à n’importe quelle résolution. Et c’est en mai 2017, que MAME 0.185 apporte le premier émulateur de Game&Watch ! La version 0.186 suivante, passe officiellement en working trois Game&Watch : Boxing, Donkey Kong II, et Mickey & Donald. Enfin, de l’émulation de Game&Watch, fidèle, et potentiellement universelle ! Bien sûr, les Game&Watch ne sont pas les seuls jeux LCD concernés, il y a aussi d’autres jeux électroniques non-Nintendo, qui m’intéressent beaucoup moins. À l’heure où j’écris ces lignes, la dernière version de MAME est la 0.220, et la grande majorité des 60 Game&Watch sont supportés : c’est déjà bien mieux que nos bons vieux simulateurs.

Si vous vous demandez quel est le rapport entre MAME, un émulateur arcade, et les Game&Watch, c’est simple : à l’origine, le projet MAME (Multiple Arcade Machine Emulator) était effectivement consacré aux jeux d’arcade seulement. En parallèle de MAME, le projet MESS (Multi Emulator Super System) était un émulateur multi-plateformes, avec notamment le support de différentes consoles de jeu. Mais à partir de la version 0.162, les deux projets ont fusionné, en gardant le nom de MAME. Aujourd’hui, ce dernier est donc capable d’émuler un grand nombre de machines, pas seulement d’arcade, et y compris les jeux électroniques LCD.

Comment jouer

Simulateurs sous Retroarch

Comme dit plus haut, les simulateurs de MADrigal sont disponibles entre autres dans Retroarch. Ça reste des simulateurs, mais ça a l’avantage d’être disponible sur beaucoup de plateformes, dont PS Vita et Switch : c’est quand même sympa d’émuler des jeux portables sur une console portable.

Les jeux sont disponibles sur le site de MADrigal (chercher « RetroArch porting »), ou sur le buildbot de libretro. Il suffit ensuite de les ouvrir avec le core « Handheld Electronic (GW) » dans RetroArch. Comme pour les ROMs classiques, il est possible de générer une playlist, avec des images des boîtes, par exemple. Pour les artworks, je recommande la base de données de Launchbox, qui a notamment de jolies reconstitutions des boîtes, bien plus sympa que celles par défaut de libretro.

Emulateur sous MAME

Voici la marche à suivre pour installer un émulateur de Game&Watch sous MAME.

Tout d’abord, installez la dernière version de MAME pour avoir la meilleure compatibilité possible. Ensuite, il vous faut les ROMs de Game&Watch. Je vous laisse chercher, ce n’est pas difficilé à trouver, par exemple en cherchant avec les mots « MAME 0.220 ROMs merged » (version à adapter). Comme d’habitude avec MAME, prenez bien les ROMs de la même version que MAME. Pour localiser les ROMs de Game&Watch dans la liste, c’est simple : elles sont préfixées par « gnw_ ». Pour savoir quels Game&Watch sont supportés par une version de MAME, il suffit de taper la commande (sous Linux) :

mame -listfull | grep ^gnw_

OK, à ce stade, vous pouvez donc lancer une ROM de Game&Watch. Voici ce que donne par exemple, avec Donkey Kong Jr :

Il manque pas quelque chose, là ?

En fait, la ROM arrive avec le programme, le son, et l’affichage des sprites en vectoriel. Il manque juste un petit détail : le décor. Sous MAME, il est appelé artwork, et regroupe les images du jeu physique, ainsi que du fond d’écran, en haute résolution. Contrairement à la ROM, il n’y a pas d’artwork officiellement reconnu par MAME, mais on peut tout de même en trouver des très bien sur le web.

Pour cela, je recommande deux sites : ce Google Drive, et cette page. Il suffit de télécharger l’artwork ayant le même nom que la ROM, dans un répertoire séparé. Pour Donkey Kong Jr, c’est « gnw_dkjr.zip ». Comme pour les ROMS, il faut ensuite configurer le répertoire des artworks dans les options de MAME, pour qu’il sache où les trouver (où garder celui par défaut). NB : comme avec les jeux d’arcade, certaines ROMs MAME de Game&Watch sont des clones les unes des autres, par exemple Egg et Mickey Mouse. Dans ces cas-là, le programe et le son sont identiques, il n’y a que les sprites et le décor qui varient.

En relançant Donkey Kong Jr avec l’artwork, voilà ce que ça donne :

La résolution est assez haute : là j’ai réduit l’image pour l’article, mais à l’origine, elle était en 3927×2938 : mieux que la 4K ! La PS5 dans les cordes. Franchement, c’est magnifique. Et c’est comme ça pour tous les jeux, y compris les plus exotiques comme la famille des Micro VS. ou les Super Color.

Pour les boutons, par défaut c’est :

  • « 1 » (en haut à gauche du clavier, pas celui du pavé numérique) : Game A
  • Flèches : d-pad
  • Control gauche : action

Les save states fonctionnent très bien aussi (shift gauche + F7 / F7). Sinon, tout est indiqué dans les options du jeu, comme d’habitude.

Emulateur sous RetroArch

Si vous préférez RetroArch, il est aussi possible d’émuler les Game&Watch sous RetroArch avec le core MAME. Il faut le core de la dernière version de MAME appelé « Arcade (MAME – Current) », les ROMs, et les artworks. Comme précédemment, il est peut-être nécessaire de configurer le core MAME pour lui indiquer le répertoire des artworks. C’est dans les options du core que ça se passe.

Conclusion

Voilà, en l’espace de trois ans, on est donc arrivés à un stade où la quasi-totalité (le 100% ne devrait pas tarder) des Game&Watch peuvent être émulés et non plus simulés, dans des conditions excellentes, en haute résolution. C’est remarquable d’un point de vue de la préservation du patrimoine, et idéal pour découvrir ou redécouvrir des nouveaux titres : Super Mario Bros, Zelda, Gold Cliff, etc. Si certains sont anecdotiques, il y a aussi des petites perles d’inventivité. Gunpei Yokoi, à jamais dans nos cœurs. Par exemple, si vous n’avez jamais joué à Super Mario Bros, franchement foncez : c’est un vrai jeu de plateforme Mario en LCD, impressionnant.

Moi je suis content : j’ai pu rejouer à mon chouchou Gold Cliff (jamais porté ou simulé), au très rare Mario The Juggler sans casser mon PEL, et découvrir les Super Color, que je connais très peu. Bref, je vous laisse fouiller, c’est une mine d’or.


Par Tardigrade
Le 8 juillet 2020 | Catégories : Articles, Editos

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